Reporters de guerre : l’information sur le front

Syrie, Irak, Iran, Afghanistan, Soudan, Liban, Mali, Yémen, Libye, Yougoslavie, Koweït… Toutes ces destinations ont un élément en commun : la guerre.

Que ce soit des conflits identitaires, territoriaux, d’intérêts ou de pouvoir, il ne se passe pas une décennie depuis l’existence du grand reportage sans que les médias couvrent des événements se déroulant aux quatre coins du monde.

Des récits d’Albert Londres aux reportages primés par le prix Bayeux , une pléiade de journalistes se relaie pour être au plus près de l’information. Et pas n’importe lesquels : les reporters de guerre.

Pour commencer, il faut noter que cette profession a plusieurs appellations. D’un côté, la presse anglo-saxonne parle « war correspondant » tandis que la langue française utilise sans distinction les termes de « correspondant », « envoyé spécial », « journaliste d’investigation » et « reporter ».

Sur la forme comme sur le fond, les reporters de guerres décrivent des conflits.

Bien que raconter que la guerre fut dans un premier temps le privilège des militaires, il faut remonter jusqu’au milieu du XIXème siècle pour voir arriver les premiers récits de guerre par des journalistes.

Un mélange des genres persiste cependant, par exemple avec Winston Churchill, officier et correspondant de guerre pendant la guerre des Boers.

Car il n’a pas toujours été aussi simple de raconter la guerre.

Pendant sa couverture de la guerre de Crimée, le photographe anglais Roger Fenton, premier photoreporter de guerre, s’est souvent heurté à la censure des états-majors et l’antipathie des autorités militaires accusant la presse de causer du tort au moral des troupes et de renseigner le camp adverse.

Un métier au cœur de l’histoire

Aujourd’hui la profession de reporter de guerre a évolué mais le risque est toujours présent.

C’est ce que vous pourrez voir dans cette enquête avec les témoignages de Gwendoline Debono, Dorothée Olliéric, Sami Boukhelifa, entre autres…

Une lecture a véritablement éclairé mes recherches : celle du livre « Elles risquent leurs vies », co-écrit par cinq femmes reporter de guerre racontant leurs missions sur le terrain. De Kaboul à Beyrouth, de Tripoli à Mossoul, elles évoquent ce choix de vie hors du commun et apportent leur regard sur la guerre.

Ensembles, elles témoignent de l’envers du décor où elles ont travaillé, en ne faisant aucun détour sur leurs doutes et leur vécu.

Parmi ces cinq journalistes, j’ai eu l’opportunité d’interviewer Patricia Allémonière après une première rencontre au salon du livre du Prix Bayeux.

Une profession davantage protégée par les hiérarchies

Ce Fil Rouge portant sur l’évolution du métier de reporter de guerre, force est de constater que ces derniers ont dû s’adapter à des nouvelles mesures de sécurité, peu mises en place auparavant, comme nous l’explique Dorothée Olliéric, grand reporter à France 2 :

« Tous les déplacement en pays en guerre se décident avec la présidence (de France Télévisions). On te fait remplir une tonne de papier pour que France TV se protège et protège l’équipe envoyée sur le terrain. »

Quid des réseaux sociaux ?

A l’heure où l’immédiateté de l’information est reine, Patricia Allémonière nous explique comment travaillent les reporters de guerre pour informer sans tomber dans la facilité :

« Dans les réseaux, il y a de tout, de l’instantané utile mais à vérifier car cela peut être faux. Cela va de pair avec la manipulation. L’avantage de se reporter sur des networks traditionnels c’est qu’il y a des services de vérification. On fait attention. L’important est de vérifier. »

Une profession multi-récompensée et mise en avant

Depuis 1994, la ville de Bayeux – en association avec le Conseil général du Calvados et la région Normandie – organise le Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre.

Cet événement annuel met en lumière les journalistes qui exercent leur métier dans des conditions périlleuses afin de permettre d’accéder à une information libre. Une manière de leur rendre hommage et de prouver chaque année, grâce à l’actualité, la légitimité de cette profession.

Ainsi, vous retrouverez dans cette enquête les interviews de Patricia Allémonière, Dorothée Olliéric, Gwendoline Debono, Jean-René Augé-Napoli et Sami Boukhelifa.

A travers leurs carrières, vous découvrirez un profession risquée mais captivante.

Informer malgré les risques, tel est le credo des journalistes reporter de guerre.

Bonne visite sur Little French Reporter !