Aux Trois Baudets le samedi 25 octobre 2025
Le Bal des Putes est un spectacle « queer et féministe » qui se veut une « lettre d’amour à la communauté des travailleur·euses du sexe ». Sa créatrice, Kata, est également TDS (travailleuse du sexe) et danseuse. Dans cet entretien, elle explique la démarche de ce spectacle, la vie en tant que TDS, et les combats qu’elle mène au quotidien.
Comment décririez-vous Le Bal des Putes à quelqu’un qui n’en a jamais entendu parler ?
C’est la première édition de ce spectacle qui vise à valoriser le travail du sexe. Nous cherchons à nous détacher de la morale, à défendre notre cause, et à demander nos droits, car nous n’en avons pas assez. L’objectif est aussi de former le public.
Le spectacle est décrit comme étant « queer et féministe ». Pourriez-vous expliquer ce que cela signifie dans le contexte de votre performance ?
Ces mots sont souvent utilisés par des personnes extérieures à notre milieu. À force d’être trop employés, ils perdent leur sens et deviennent très flous.
Le spectacle est présenté comme une « lettre d’amour à la communauté des travailleur·euses du sexe ». Quels sont les combats que vous menez à travers votre art ?
Nous luttons pour être valorisées et pour que notre travail soit déstigmatisé. Le plus grand problème est que les gens voient le travail du sexe de manière très spécifique, alors qu’il englobe différents métiers : escort, porno, strip-tease, etc. Nos besoins sont individuels, et ils sont souvent ignorés. J’ai eu l’impression d’apprendre énormément en m’organisant avec d’autres TDS. J’avais envie de montrer à quel point notre communauté est soudée. Souvent, dans les manifestations de gauche, les TDS sont oubliées. Pourtant, nous devrions être incluses dans une convergence de lutte, car nous sommes tous ensemble.
Vous parlez de la nécessité de « ne pas glorifier ni de condamner » le travail du sexe. Comment parvenez-vous à maintenir cette approche nuancée sur scène ?
Les représentations du travail du sexe sont souvent condamnées. Je pense que nous devons glorifier notre travail. Nous apprenons à imposer nos conditions, et nous avons une relation très intime avec des clients qui ne sont pas nos amis, un peu comme un psy. Beaucoup de gens sont heureux que nous existions. C’est presque une façon de taxer les riches, une redistribution des richesses. C’est aussi une forme de thérapie : beaucoup d’hommes ne vont pas voir de psychologue mais vont voir une pute.
Le dossier de presse aborde la loi de 2016 sur le système prostitutionnel en France. Comment cette loi affecte-t-elle la communauté des travailleur·euses du sexe et quels sont les défis auxquels vous faites face ?
Cette loi nous force à travailler de manière isolée. Nous n’avons pas de droits en tant que TDS, mais nous devons quand même payer des impôts. Cela crée plus de violence car certaines personnes profitent de cette situation. De plus, les clubs de strip-tease ferment sous la pression. Nous ne pouvons pas bénéficier d’une protection sociale si nous sommes malades ou enceintes.
Le groupe est composé de cinq performeuses et travailleuses du sexe. Comment le collectif s’est-il formé ?
J’ai travaillé dans un club de strip-tease où j’ai rencontré des artistes talentueuses qui avaient beaucoup de potentiel. Nous nous adaptons en fonction des publics et des lieux. Nous n’avons pas toujours beaucoup d’espace, alors nous faisons au mieux.
Chacune d’entre vous a une spécialité (pole dance, jonglage de feu, stand-up, etc.). Comment vos parcours et compétences individuels contribuent-ils à la création collective du spectacle ?
Nous sommes toutes à la fois artistes et travailleuses du sexe. Pour certaines, le travail du sexe est un moyen de joindre les deux bouts, et nous racontons cette précarité. Beaucoup de gens côtoient des TDS sans le savoir, alors pourquoi le cacher ? Nos expériences nous ont permis de créer quelque chose de fort, et nous savons comment interpréter ces histoires.




Le spectacle propose une version courte (1h15) et une version longue (2h). Comment le contenu est-il adapté pour ces deux formats ?
Nous avons testé une version aux Trois Baudets, et notre spectacle s’est développé sur scène. Nous avons aussi eu les retours du public. Le public est curieux, et les retours artistiques viennent de nos amis. Le spectacle est une vraie conversation avec les gens. Nous voulons montrer que nous ne faisons pas peur. Parfois, les clients ont honte de venir nous voir. Le spectacle ouvre des conversations avec des gens qui n’y avaient jamais pensé, et ils repartent plus informés.
Que diriez-vous pour donner envie aux gens d’aller voir le spectacle ?
Vous n’êtes pas prêts !
Le Bal des Pxtes, samedi 25 octobre 2025, Trois Baudets (Paris 18ème), 20 heures
Tarifs : Prévente « sans sucre » 17€ • Sur place « sans sucre » 20€ *
Tarif « avec sucre » : 40€ **
* Sans sucre = tarif classique
** Avec sucre = un petit plus pour soutenir le bal des putxs si vous en avez les moyens.
