Présent à Paris à l’occasion de leur tournée européenne, le groupe montréalais Clay and Friends s’est livré sur leur nouvel EP, Stunt, sorti le 16 mars dernier.
Little French Reporter les a rencontré quelques heures avant leur concert au FGO Barbara (Paris 18ème).
Bonjour les garçons, pouvez-vous vous présenter ?
Moi c’est Clément, alias Pops à la guitare et moi Adel alias Pool Boy on the Beat du groupe Clay & Friends.
Pourquoi ce nom, Stunt, pour ce nouvel EP ?
Clément : “Stunt”, c’est la cascade. Avec le groupe, on aime faire nos propres cascades. Cette année, on fête nos dix ans d’existence, alors on a voulu renforcer un peu l’esprit qui nous habite depuis, c’est-à-dire de plonger la tête la première sans savoir vraiment où on va atterrir. Cette année, on a sorti cet EP et nous sommes partis pour une tournée ambitieuse, tant au Québec, en Ontario qu’en Europe, en étant totalement indépendant.
Adel : Le terme stunt fonctionne aussi quand on dit « you’re stunting (t’es cool, t’es frais) », Pour moi, c’est la cascade, c’est le choix qu’on a fait. Celui de rentrer en musique et de faire justement ce parcours musical-là. Et on sait combien le métier peut être casse-cou.
On a eu de la chance que cela fonctionne pour nous mais on aurait pu très bien se casser le cou aussi.
De quoi parle cet EP ?
Clément : C’est un amalgame de quatre nouveaux titres avec notre mini-EP qui était sorti à l’automne, Loonie, qui a comme thème central l’argent et notre relation face à l’argent. C’est un sujet autant au Québec qu’ailleurs. Il y a quatre titres dont Money Tree, Money Man, l’interlude qui s’appelle Good Morning Verdun et Fuck All The Money qui reprend le thème central de l’argent et justement notre relation par rapport à celui-ci.
Quand aux autres chansons, il y la première, About It, parle de la relation de groupe, Me, Myself and I, c’est une volonté de Mike Clay (chanteur et fondateur groupe) de relater un peu sa relation envers lui-même à travers notre vie d’artiste.
Adel : Il y a un contraste intéressant entre ces deux chansons-là, à savoir que About It est un hymne à l’alliance qu’on a formée entre nous et l’équipe que nous avons pour justement affronter ce business de la musique. Sans nos copains, on serait tout seul et on affronte ça ensemble. Tandis que Me, Myself & I, c’est malgré le fait qu’on soit en band et qu’on soit bien entouré des fois, peut importe le nombre de fans que nous pouvons avoir sur les réseaux sociaux, on peut parfois ressentir de la solitude.
Clément : Ensuite, on a Who’s To Blame…
Adel : Who’s to Blame, c’est une chanson qui pose plusieurs questions : qui faut-il blâmer pour nos déboires ? Du succès ? C’est un questionnement sur les choix que nous faisons.
Clément : Et Good Problem qui parle du paradoxe d’une relation qui peut être toxique, mais combien satisfaisante aussi, où l’on parle d’un “beau problème.” C’est une contradiction dans le même sens que About it and Me, Myself and I.
Vous avez instauré un “Marathon populaire avec des concerts 2.0” dans différentes villes, pouvez-vous nous en dire plus ?
Clément : Ben, grosso modo, ça fait 10 ans qu’on est ensemble. Le spectacle qu’on offrait jusqu’à l’année dernière, était un travail continu depuis le tout début. Et puis, avec cet esprit de “stunt” cette année, on a vraiment mis les bouchées doubles pour offrir un nouveau spectacle, donc on a revu la scénographie, les arrangements et les éclairages.
On a la chance de le jouer pour la première fois en Europe, parce qu’on sort d’une résidence au Québec.
Adel : En fait, le 2.0, on ne sait pas exactement ce que c’est, mais vous allez le voir en avant-première ce soir (rires).
Clément : Il y aura peut-être des feux d’artifices, des dinosaures… On a rien testé avant !
On entend une vraie mixité sur les titres puisqu’on peut entendre du français et du portugais à certains moments…
Clément : Je pense que c’est un thème récurrent chez nous et chez notre chanteur et parolier Mike Clay, de faire une combinaison de français, anglais, espagnol, portugais, japonais. Ça touche à tout et je pense pas qu’on se concentre à dire « Ah, on va faire une chanson en français » Je pense que Mike prend l’inspiration comme elle vient.
Ça reflète tout simplement notre expérience montréalaise.
Adel : Montréal, c’est un peu comme la France et comme Paris, c’est très multiculturel. C’est quasiment impossible de ne pas laisser ces influences-là pénétrer notre travail.
Quelles sont vos influences musicales et artistiques en général?
Adel : Un peu de tout. Dans un groupe, on est quand même cinq, donc tout le monde écoute plusieurs choses différentes et je pense que ce qui fait partie de l’ADN de Clay & Friends, c’est justement cette ouverture d’esprit-là de plusieurs styles et ça s’entend aussi dans notre musique. On peut écouter du drum and bass, de la bossa nova, du vieux hip-hop, du rap français… Je pense que la bonne musique ne s’attarde pas au style, mais plutôt à quelque chose d’intangible.
Clément : Depuis nos tout débuts, tantôt on encensait ou on nous reprochait la variété musicale du projet. D’allier sur le même EP, Stunt, des titres comme About It, qui est fortement inspiré de Anderson Paak, Jungle, et du afrobeat, puis une chanson plus K-rock alternatif du début des années 2000, puis une chanson plus house, puis du gros funk qui rappelle celui des années 70, c’est l’addition des influences musicales de tout le monde, quand on trouve quelque chose que les cinq ont vraiment aimé, qui aboutit sur un projet.
La dernière chanson, « Fuck all the money » sonne un peu comme un happy end où finalement on se dit que rien n’est important et surtout pas l’argent…
Adel : Je pense que quand tu te lances dans une carrière musicale, il faut donner une importance minime à l’argent et aux conséquences. Parce qu’à la fin de la journée, nothing really matters but the music, rien n’importe plus que la musique.
Donc c’est évident que l’argent n’est pas la motivation principale du projet. Et c’est un peu ça la contradiction que ces deux chansons-là Money Man versus Fuck All The Money nous font vivre. Tu le fais pour la passion de la musique, mais en même temps, il faut que tu manges.
Il faut payer son hydro-Québec (rires). Ce qui est intéressant, c’est que tu peux dire qu’on ne fait pas ça pour l’argent et tout et tout, C’est un mensonge dire ça en quelque sorte. Oui, quand on a commencé ça, on ne faisait pas d’argent. Mais en même temps, ce qui nous pousse à faire de la musique encore, ce n’est pas l’argent. Parce que si on ne vibre pas sur quelque chose qu’on aime, ça ne va pas amener du bonheur.
Où est-ce que vous vous voyez dans 10 ans?
Clément : Très bonne question. Je pense qu’on aime autant le studio que les tournées. Je crois qu’avec le temps, il y a un certain équilibre parce que cette année, c’est assez rock’n rollesque. Le projet Clay & Friends, nous amène beaucoup de satisfaction personnelle et créative. Je pense qu’on est aussi des bêtes de studio, donc je nous vois un petit peu où on est en ce moment.
Adel : C’est difficile de s’imaginer en 10 ans. Je me vois faire encore de la musique avec les gens que j’aime, développer des nouveaux talents. Je pense que c’est quelque chose qui m’allume vraiment, qui nous allume vraiment. Clément et moi, on a une production où on travaille avec beaucoup d’artistes et le projet Clay & Friends, je ne peux pas imaginer un monde dans lequel il cesse d’exister.
Je vois évoluer avec des nouveaux territoires : Etats-Unis, Amérique latine, l’Asie. On aime voyager. Ce sera le résultat de plusieurs petites décisions. Je pense qu’en ce moment, on est chanceux d’être entouré d’une belle équipe qui travaille avec nous, qui croit en nous et qui nous permet de réaliser nos rêves. De fil en aiguille, on va se tricoter un petit parcours bien à nous. On va voir ça nous mène où, mais encore une fois, ”Fuck All the Money” et le but c’est d’être heureux possible.
Retrouvez le live-report du concert de Clay & Friends au FGO Barbara !

[…] Quelques instants après leur interview, le groupe Clay and Friends s’est produit sur la scène du FGO Barbara en donnant un concert survolté et haut en couleurs ! […]
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